Louis a 5 mois. Un nourrisson superbe, tonique, très calme entre les mains de l’ostéopathe qui le manipule doucement. C’est la troisième séance d’ostéopathie pour lui. Sa mère raconte : « Le pédiatre a remarqué qu’il avait le crâne déformé et une tendance à préférer un côté, explique-t-elle. Louis avait un peu plus de 2 mois, il nous a conseillé un ostéopathe. Les séances se font sans douleur, sans heurts, et le crâne a retrouvé une forme équilibrée, le torticolis a régressé.»
Jean Ducourneau, ostéopathe à Bordeaux, l’admet aussi. Le petit Louis va nettement mieux, ce qui aura sans aucun doute un effet positif sur son avenir postural. 30% des enfants naissent avec une plagiocéphalie, ou une déformation du crâne avec asymétrie. Rien de méchant en l’occurrence, bien qu’associé à une forme de torticolis «Sans l’intervention d’un ostéopathe, commence-t-il, la plagiocéphalie se corrigera avec le temps, mais il restera une empreinte, avec des conséquences sur la posture générale de l’enfant et du futur adulte. On note des asymétries de la vue, de la position des dents, du bassin, des épaules; des problèmes d’articulation des mâchoires. Le travail de l’ostéopathe sur un jeune enfant anticipe ces problèmes posturaux, et peut les enrayer.»
Origine Intra-utérine
La grande majorité des consultations de nourrissons en cabinet d’ostéopathes concerne des problèmes associés au torticolis. « En réalité, précise le praticien, le torticolis implique un blocage. Or, le plus souvent, l’enfant n’est pas bloqué. Il présente juste un côté privilégié, il a une attitude en torticolis.» L’origine de ce phénomène se situe du côté de la vie intra-utérine. La façon dont l’enfant s’est déployé dans le ventre de sa mère, l’attitude serait congénitale. Parfois, elle peut être héréditaire, héritée d’un père ou d’une mère qui, déjà, présentait une asymétrie crânienne.
«On remarque une asymétrie globale, avec une position de l’enfant en virgule, dans un sens »
«Certaines plagiocéphalies apparaissent dès la naissance, d’autres quelques semaines après, remarque l’ostéopathe. Dans ce cas, les parents pensent que c’est parce que l’enfant est toujours tourné du même côté qu’il aplatit son crâne. Mais non. On remarque une asymétrie globale avec une position de l’enfant en virgule dans un sens. Les manipulations très progressives permettent au corps de déprogrammer une mémoire posturale originelle.»
Pour autant, une seule manipulation ne peut suffire à régler le problème, car le crâne double de volume entre la naissance et l’âge de 2 ans. C’est au cours de cette période que l’enfant doit être pris en charge, selon un rythme fixé par l’ostéopathe, lequel peut d’ailleurs se faire relayer par un kinésithérapeute formé à la périnatalité. « La plagiocéphalie est souvent anxiogène pour les jeunes parents, génère des questions et des doutes, signale Jean Ducourneau. Mais ce problème n’a aucune incidence sur le développement intellectuel de l’enfant. Aujourd’hui, on le prend en compte alors qu’on ne le faisait pas auparavant, car, médicalement, il n’y avait aucune conséquence directe»
Le message est clair: plus on observe tôt l’asymétrie crânienne, plus on place tôt l’enfant entre les mains d’un ostéopathe. Le petit Louis n’a pas poussé un cri pendant toute la séance de manipulation. Et il a ensuite avalé toute sa purée ! Louis, 5 mois, entre les mains de Jean Ducourneau, ostéopathe à Bordeaux.
Source : Sud Ouest du 27 janvier 2014 | Par Isabelle Castéra