Extrait du livre « Plagiocéphalie et torticolis du nouveau-né « p 68 Auteur Jean Ducourneau
Après avoir travaillé pendant 5 années dans le service de cardiopathie congénitale des enfants de l’Hôpital Haut Lévêque à Bordeaux Pessac de 2007 à 2011 dans le service du Professeur Thambo et du Docteur Mouton en réanimation et dans le service de surveillance médicale, je constatais que les bébés ne présentaient pas plus de plagiocéphalies qu’en dehors du service. Le pourcentage est de 40% de plagiocéphalies au dire de l’HAS et des études référencées en bibliographie dont celle du Professeur Di Rocco¹ à Lyon et ce chiffre, est repris par la plupart des études.
Dans le service de réanimation, les bébés sont majoritairement installés sur le dos. Le personnel de santé les dispose sur le côté quand c’est possible au rythme de 4 rotations par jour. Ces enfants sont lourdement appareillés et notamment une intraveineuse en jugulaire avec un cathéter, des voies d’alimentation parentérale ainsi que des capteurs de surveillance cardiaque.
De ce fait les mobilités sont très limitées.
Et pourtant tous les bébés passés par ce service pour des périodes minimum de 15 jours à plusieurs mois espacés d’aller retour en service de chambre ou à la maison quand c’est possible, ne présentent pas plus de plagiocéphalies.
Encore faut il le prouver ?
J’ai pu revenir en 2018 dans ce service pour accompagner une étudiante en 3eme année d’ostéopathie (en 2018) à sa demande, pour son mémoire. Ancienne infirmière du service, elle a su convaincre les responsables de son projet. Je lui ai proposé de revenir sur mon observation sur le thème des plagiocéphalies pour réaliser son mémoire. Je m’engageais à lui faire profiter de mon raisonnement sur la genèse de la plagiocéphalie qui serait la base de son mémoire, toutes les données présentes dans ce livre et toute mon expérience pratique. Elle devait observer et recueillir toutes les informations ainsi que la réalisation des fiches qu’elles consigneraient sur son mémoire.
Je suis en train de préparer un compte rendu qui porte l’intitulé « Analyse sémiologique des plagiocéphalies dans un service des maladies cardio vasculaires congénitales de l’enfant, point de vue sur la genèse de la plagiocéphalie. »
Les cas les plus éloquents étaient les bébés qui ne présentaient pas de plagiocéphalies au delà de 3 mois passés dans ce service plusieurs fois et qui n’avaient jamais eu aucun traitement kiné et ostéo.
Certains présentés pourtant une asymétrie avec une préférence de position de la tête mais n’avaient pas de plagiocéphalies.
Par contre lorsqu’il y avait une plagiocéphalie sur des bébés qui n’avaient pas eu de traitement, la plagiocéphalie semblait plus importante. En effet nous n’avions aucune mesure ou évaluation de cette plagiocéphalie, antérieure.
Nous touchons là à un problème de santé publique. Les bébés ne sont pratiquement jamais diagnostiqués pour les plagiocéphalies à la naissance sauf dans des hôpitaux ou cliniques ou des ostéopathes, kinésithérapeutes, infirmières puéricultrices, Sages femmes, pédiatres sont formés.
De plus quand le diagnostic est fait, il n’est pas toujours précis.
D’où l’importance de former ces professionnels de santé de la petite enfance, Infirmières puéricultrices, Auxiliaires puéricultrices, sages femmes, Médecins pédiatres comme je le fait à travers mes actions en PMI (protection maternelle infantile) depuis plus de 10 ans, dans les écoles d’infirmières puéricultrices et de sages femmes et les rencontres avec l’ANDPE (association nationale des infirmières puéricultrices et étudiantes).
L’abord de la plagiocéphalie pour un ostéopathe n’est jamais symptomatique mais toujours globale. D’autres problèmes sont abordés de fait comme les RGO , les coliques, le sommeil.la succion, les problèmes orl…
Mais le travail sur les plagiocéphalies demande une expertise.
Il est encore plus important dans ce service de travailler en lien avec l’équipe médicale et les parents.
Pouvoir rassurer les parents en proposant une séance de grande détente pour leurs bébés et un suivi à l’extérieur de l’Hôpital pour des collègues Ostéopathes et Kinésithérapeutes était un marqueur fort de notre présence dans le service.

@Photo Institut Ducourneau Périnatalité et Postures
Un bébé détendu et des parents rassurés et détendus aussi. Dans cette position une main ventre l’autre englobant le crâne jusqu’à la glabelle est une technique souvent utilisé pour calmer les bébés en détendant le ventre, en relâchant le crâne et en berçant au besoin celui-ci
Argument essentiel en faveur de l’analyse
Qu’est-ce qui différencie deux bébés de 5 mois passés plusieurs fois dans le service de réanimation dès leurs naissances un qui a une plagiocéphalie et l’autre sans plagiocéphalie ?
Ce n’est pas l’appui post naissance qui est le dénominateur commun. C’est donc une information propre au bébé lui-même.
C’est bien l’information densité plagiocéphalique que je vais vous présenter plus loin qui est le déclencheur de la plagiocéphalie.
Dans toutes les publications, on parle des facteurs favorisants qui peuvent expliquer la plagiocéphalie mais peu de personne parle du mécanisme qui conduit à la plagiocéphalie anténatale et post natale.
Mis à part Pierre Tricot qui évoque une théorie du même type, voilà son explication :
Pierre Tricot expliquait que le corps est apte à intégrer n’importe quelle quantité d’énergie, à condition d’en avoir le temps. Il définit le traumatisme comme étant « l’action de soumettre le corps à une quantité d’énergie transmise dans un temps trop court (Approche tissulaire de l’ostéopathie ; Tricot, Editions Sully ; 2005) ». Si les tissus ne peuvent accepter cette énergie, celle-ci va stagner dans le tissu et ainsi augmenter sa densité. Ces flux d’énergie bloquée vont perturber la structure comme sa fonction.
Pourquoi pas une étude ?
Pour l’instant cela semble très compliqué. Avant de démarrer une étude dans un Hôpital universitaire, il faut une autorisation de la commission nationale de l’informatique et des libertés CNIL et du CPP (commission de protection des personnes). Car le recueil des données dans ce cadre est bien strict.
Une fois l’autorisation il faut présenter votre projet d’étude qui est soumis à un jury qui accepte ou pas de valider votre dossier pour une éventuelle publication.
En tant qu’ostéopathe et acteur de l’étude, je dois être accompagné d’un universitaire Médecin qui chapotera mon travail pour plus d’objectivité. Ce qui est parfaitement possible dans le cadre d’une éventuelle étude sur la base de mes observations.
A ce jour les études fait par des ostéopathes même dans ces conditions sont inexistantes. Elles sont plus nombreuses en Italie ou au Québec ou les barrages sont moins importants.
¹Di Rocco F et al. Prevalence et sévérité de la plagiocéphalie.positionelle chez l’enfant et l’adolescent service Neurochirugie HFME (Hopital femme, mère, enfant de Bron) 2019;161(6):1095-8