Une formation pour le traitement du « torticolis » du bébé est organisée à destination des kinés
Le torticolis n’en est pas un. La plupart du temps, il s’agit d’attitudes préférentielles de l’enfant. Explication : « En réalité, le prétendu torticolis implique un blocage. Or, le plus souvent, l’enfant n’est pas bloqué. Il présente juste un côté privilégié, il a une attitude en torticolis. L’origine de ce phénomène se situe du côté de la vie intra-utérine. La façon dont l’enfant s’est déployé dans le ventre de sa mère. L’attitude serait congénitale. » Jean Ducourneau, ostéopathe à Bordeaux, s’intéresse depuis plus de vingt ans au crâne des bébés.
30% des nourrissons concernés
Il vient de mettre au point une méthode de formation qui donne aux kinésithérapeutes accès à une prise en charge performante. Une compréhension de cette problématique qui touche 30 % des nourrissons et peut avoir des répercussions délétères le reste de leur vie. Il a commencé à assurer ses premières formations en 2011 à Mimizan, dans les Landes, lors de séminaires, puis à Bordeaux et, désormais, Lyon, Lille, Nantes, Montpellier. À Paris, il l’enseigne aussi à l’hôpital Bichat, dans le cadre d’un diplôme universitaire, sous la responsabilité du professeur gynécologue Mandelbrot.
« Cette méthode de prise en charge globale permet de comprendre la plagiocéphalie de l’enfant [un côté du crâne aplati, NDLR], de réunir les compétences autour d’un discours commun, de travailler en lien entre ostéo et kiné. Comme à Bordeaux, où je travaille beaucoup avec Cécile Cape, kiné à Bacalan, qui m’a aidé à mettre au point cette pratique, en l’adaptant aux kinés. »
Jean Ducourneau estime que la participation des parents est nécessaire à une prise en charge optimisée : « Ils feront faire des exercices posturaux aux enfants, ce qui permettra une récupération plus rapide et un traitement plus court. » La difficulté vient du fait que cette pathologie, a priori mineure, est assez peu connue du grand public, alors qu’elle est très fréquente.
La prise en charge proposée par FKTM (formation kiné périnatalité et thérapie manuelle) est unique en France. Elle offre la possibilité d’une projection autour de la posture avec de nouvelles perspectives de soins sur l’enfant et l’adulte. Objectif de ce traitement : redonner les mobilités sur tous les axes. « On remarque chez les bébés une asymétrie globale avec une position en virgule dans un sens. Les manipulations très progressives permettent au corps de déprogrammer cette mémoire posturale originelle », note l’ostéopathe.
Jusqu’à la marche
Une seule séance ne suffit pas à régler le problème postural. Le crâne grossit rapidement et des manipulations sont nécessaires jusqu’à l’étape de la marche, d’où l’intérêt d’un relais avec un kiné formé à la technique.
« Les kinés sont très demandeurs de ce type de formation, assure Jean Ducourneau, et les jeunes parents sollicitent désormais assez spontanément un ostéopathe pour aider le bébé à grandir dans de bonnes dispositions. Sans cela, on note des asymétries de la vue, de la position des dents, du bassin, des épaules ; des problèmes d’articulation des mâchoires. Le travail de l’ostéopathe sur un jeune enfant anticipe ces problèmes posturaux, et peut les enrayer. »
Source : Sud Ouest du 19 septembre 2016 | Par Isabelle Castéra